mardi 10 juin 2014

NC14 - Lac de Vassivière

Rapide intro...

Le weekend de l'ascension, c'est mon pèlerinage annuel à la NetConcentre. Je vous parle là d'une concentre qui prend ses racines dans les origines d'internet, dans la préhistoire de la société de l'information, du temps où les navigateurs web s'appelaient Netscape et Mosaic, et du temps où il n'existait qu'un seul forum de moto francophone: fr.rec.moto. Et là, point d'images, d'animation, de javascript et de plugin: du texte, seulement du texte pour parler moto… 

Et sur ce forum francophone, qui fédère des motards de France, de Belgique, de Suisse voire d'ailleurs, on se regroupe traditionnellement une fois par an, dans un endroit "central" de la France, forcément dans un coin bourré de virages, pour se rencontrer, discuter (moto) de vive voix et écumer les routes du coin pour animer les discussions du soir :
  • Ah, c'quon s'est trainés, aujourd'hui
  • On roulait tellement lentement que les moustiques, ils se collaient derrière le casque
  • Tatakétwa?
  • - "Tiens, t'as une BM, maintenant? Tu vieillis…"
    - "Ouais, j'arrivais pas à prendre de l'angle avec mon déambulateur, alors j'ai investi…"

Donc une fois de plus, j'ai fait mon pèlerinage annuel à la NC. Cette année, elle se déroulait dans un camping le long du lac de Vassivière, à la frontière entre la Creuse et la Haute Vienne.




Jeudi: highway to paradise

Première étape: équiper la moto. Pour 4 jours, je décide de ne pas m'embarrasser de mes valises latérales. Elles sont plus larges que le guidon de ma moto et risquent de me gêner, au retour, lorsque j'aurai à faire de l'interfile dans les bouchons du retour. Ma sacoche de réservoir et un sac étanche sur le porte paquet suffira.

La bête, lourdement chargée pour la descente vers le lac de Vassivière
Le trajet pour aller jusqu'au lac de Vassivière me fait traverser la platitude de la Beauce, zone que j'exècre particulièrement car bourrée de lignes droites et de paysages inintéressants. Je décide donc de faire la majeure partie du trajet par l'autoroute et de ne la quitter qu'aux premiers contreforts du Massif Central. Je dois également reconnaitre que ma Sprint GT est plutôt confortable sur l'autoroute : le position de conduite un peu en avant et sa bulle avant me protège raisonnablement à haute vitesse.

Vue du ciel, la Beauce a un certain charme. Mais d'en bas, c'est tout plat!
Je suis assez surpris de ne rencontrer que peu de motards alors que l'an dernier, sur la même autoroute, les stations services grouillaient de deux roues et qu'il était si facile de discuter durant mes pauses. 

Malgré cela, deux rencontres marquantes ont ponctué mon trajet.

La première était un jeune motard sur une FZ8 (minute nostalgie: c'est mon ancienne monture…). Alors que la pluie commence à tomber, on s'arrête tous les deux sur la première aire d'autoroute venue pour enfiler nos combinaisons de pluie. Il n'est pas venu seul: un pote le suit en voiture. Comme moi, il met sa combinaison mais, plus rapide, il finit avant moi. 

Il cherche alors à repartir, démarre le moteur et cale une fois.
Il redémarre puis cale une deuxième fois.
Il redémarre encore et cale une troisième fois.
Voyant qu'il ne comprenais pas ce qui lui arrivait, je vais le voir et je lui fait remarquer qu'il cale parce qu'il a oublié de relever sa béquille latérale. Un jeune permis, c'est clair… En retournant à sa moto, je l'entend courir vers la voiture de son pote pour lui expliquer qu'il y a un coupe circuit de béquille sur sa moto… Ah, la jeunesse d'aujourd'hui!

Deuxième rencontre, un peu plus loin, toujours à cause de la pluie. Comme, optimiste que je suis, je n'avais pas gardé ma tenue de pluie et que le temps est "variable", je me reprends une averse un peu plus loin. Cette fois, c'est du sérieux: c'est une grosse pluie d'orage. L'eau commence à imbiber mon pantalon. Je m'arrête dans une station service avant que l'eau n'atteigne mes sous-vêtement et je prends un café en attendant que la pluie se calme. 

Arrive un motard en side que j'avais doublé peu de temps auparavant. Il fait le plein et cherche, tout comme moi, refuge dans la station. Là, *surprise* le motard est une motarde (<3 <3 <3). Une fille bien accro à la moto, d'ailleurs: elle possède deux sides et une moto non attelée. "Les sides, c'est plus pratique pour transporter ses affaires", qu'elle disait. Je veux bien le croire. C'était une fille qui roule pas mal (plus d 20 000 km/an), une vraie motarde comme on en voit peu. Elle était en train de se traverser la France d'est en ouest, partant des Cévennes pour aller à Nantes. Des rencontres comme ça, ça fait plaisir à voir :-)


Ma Sprint GT sous la pluie, pendant que je prenais une boisson chaude avec une side-cariste au chaud.

Peu de temps après, je quitte l'autoroute, *enfin*. J'active mon GPS (c'est un TomTom rider qui ne fonctionne que sur batterie, je l'économise donc quand il n'est pas nécessaire à la navigation) et je prend la direction de Royeres en Vassivière par les petites routes. Mon sourire s'agrandit sous le casque: les routes sont belles et dégagées, ma moto commence à respirer. D'un rythme timide au départ, je retrouve progressivement mes marques sur les petites routes sinueuses que je GPS me suggère et le rythme s'accélère progressivement. Cependant, je ne me laisse pas emporter par mon enthousiasme car je sais qu'en cette saison, la DDE répand ses petits gravillons sur les routes et que l'on peut vite se faire piéger. Les gravillons. On en reparlera, d'ailleurs…

Une route idéale pour travailler ses trajectoires: bon revêtement et peu de fréquentation...
Je finis par arriver au lac de Vassivière. Heureux. :-)

Non loin du camping, je me retrouve derrière un motard. Je le suis, mais j'ai un doute quand il rentre dans son camping. Je ne le suis pas car il y a une grosse banderole marquée d'un "bienvenue aux motards" au dessus de l'entrée et, à côté, un logo du Crédit Agricole. Ah, oui! Je comprends: nous ne somme pas les seuls motards à avoir investi un camping du lac ce weekend. Le comité d'entreprise du Crédit Agricole a fait de même. Je poursuit mon chemin jusqu'au bon camping. Là, je reconnais quelques têtes dans le petit groupe à l'accueil, je suis arrivé à destination :-)

Un petit camping au bord d'un grand lac: un coin sympa pour y passer ses vacances dans un endroit pas surpeuplé.
Je pose mes affaires dans le mobile home que partage avec 3 autres personnes, puis direction l'apéro qui précède le repas sous un chapiteau. Il y fait froid en fin de soirée et le café bien chaud n'est pas inutile. La nuit dans le mobile home se passe un peu moins bien. Cette année je suis tombé dans une chambre avec ronfleur. On ne peut pas toujours gagner à cette petite loterie…

Petit comparatif entre le design chez Triumph et celui chez BMW. Quelle moto choisiriez vous ?

Vendredi : Routes sinueuses, les retrouvailles!

Le lendemain, je me réveille sans difficulté. Il est neuf heures et certains commencent déjà à partir. Moi je suis à la bourre. Je demande à Cram & Lan de m'attendre pour partir en ballade, ce que le couple dictatorial (private joke...) accepte généreusement. J'avale mon petit déjeuner au lance-pierres et c'est parti pour une journée de roulage.

Le groupe est constitué de plusieurs motos… et du vieux side de Frapi. C'est un assemblage improbable de pièces de plusieurs générations de BMW, d'un panier de marque Oural (le BMW russe) et d'une plaque en fonte dont je ne connais pas l'origine et qui sert à lester le panier. Le résultat est magnifique :-)

Frapi et sa Frapimobile:un assemblage improbable de pièces venant de sources différents, et un résultat à la hauteur du travail fourni!
Notre roadbook (fait à l'arrache… ou pas, d'ailleurs, je n'étais pas là lors de son élaboration!) nous fait traverser le parc des 1000 vaches par des petites routes sinueuses et propres. 

7 des 1000 vaches du plateau. A vous de trouver les 993 autres...
Il finit par nous emmener à la Tour d'Auvergne où nous décidons de manger. Pas évident du tout en cette saison. Sur les trois restaurants que nous avons trouvés, l'un est fermé, l'autre attend déjà un groupe et, dans le troisième, nous nous sommes faits griller par un autre groupe de motards, prévoyants eux, qui de toute façon avaient réservé. Gentiment, le patron du dernier resto nous envoie vers le Central Hôtel à Picherande, non loin de là.

Bon conseil! :-)

A l'arrivée, on nous prévient que l'on ne mangera pas ce qu'il y a sur le menu, car il n'y en a plus. Menu annoncé:  viande hachée et purée. Ca nous rappelle la cantine. En fait, le chef nous a improvisé un bon petit repas à base de veau hachée, mélangée à de la sauce tomate et relevée comme il faut, d'une croquette de purée géante et de choux à la crème (pas le dessert, le légume). Rien à voir avec la cantine, et surtout: pas mal du tout pour un truc improvisé :-)

La carte des entrées et des desserts était particulièrement bien garnie et il nous a fallu pas mal de temps  pour nous décider. Le tout fut arrosé d'un bon vin… Ensuite..., et bien, comment dire…, l'idée d'aller faire une petite sieste autour d'un lac nous a rapidement titillés :-)

Direction le lac de Chauvet, un petit lac formé dans un cratère de volcan (éteint, hein, on est en Auvergne…). La météo mitigée ne nous a pas permis de digérer au soleil, mais nous étions tout de même plus en état de piloter après la sieste qu'à la sortie du resto. Au loin (certainement sur le Mont-Dore), quelques plaques de neiges subsistaient à flanc de colline, histoire de nous rappeler que l'hiver est rude dans la région…

Les panneaux de signalisation fournis par M. Michelin témoignent de la proximité de Clermont Ferrand.

Le roadbook du retour nous a conduits dans les gorges de la Dordogne (?) puis nous a fait prendre une départementale bien roulante vers Treignac (si vous passez par là, allez donc acheter des chocolats chez Borzeix & Besse, c'est pas donné, mais c'est une tuerie!). Sur ces belles courbes recouvertes d'un revêtement impeccable, le rythme du groupe s'est accéléré (tout naturellement…). Y piloter ma Triumph était un véritable bonheur: dans ces circonstances, on oublie tout, on ne pense qu'au bonheur généré par le précédent virage et à la manière de gérer le prochain… et on oublie surtout le pauvre side, derrière, qui peine à nous suivre. Heureusement, nous ralentissions dans les agglomérations ce qui lui laissait l'opportunité de recoller au groupe.
Le passage de quelques vieux ponts a ponctué notre périple.
Notre arrivée tardive au camping nous a fait rater l'apéro mais, heureusement, pas le repas. Sous la tente qui nous servait de réfectoire, nous un gros bruit s'est fait entendre durant le repas: la pluie à la quelle nous avions presque échappé en rentrant avait fini par nous rattraper…

Puis, au moment du dessert, les lumières se sont éteintes: un anniversaire. C'était celui de Rosa. Elle a passé le reste de sa soirée à faire des bises aux autres motards après avoir entendu des "bon anniversaire!" à répétition ;-)

Cette nuit là, même avec les boules Quiès, j'endentais mon voisin faire trembler les murs… ;-)

Samedi: Culture et Gravillons

La veille, j'avais réglé mon réveil pour être à l'heure… et bien, c'était raté. J'aurais dû le mettre encore plus tôt. Une fois de plus, j'ai avalé mon petit déjeuner au lance pierre avant de rejoindre le groupe qui m'attendait.

Comme la veille nous avions roulé comme des bêtes, nous avons décidé de la jouer plus "culturel" ce samedi. Nos routes nous ont donc emmenés vers de sites touristiques. L'abbaye de Bénévent était notre première étape…

Dès le début de la journée, nous sommes tombés sur les gravillons de la DDE. Le rythme est donc vite tombé cassant net notre enthousiasme de la veille. Pas facile de régler sa vitesse lorsque la route est minée de petits pièges invisibles! En plus, la DDE annonçait ses gravillons plus ou moins longtemps à l'avance: entre 100-150m, histoire de laisser un temps de réaction au conducteur jusqu'à 0m (c'était même limite s'il n'y avait pas de panneau "Trop tard! :-p" planté dans le fossé…

En suivant les ornières creusées par les voitures dans le lit de gravillons, nous avons réussi à progresser sans trop glisser. Que de stress! (… mais pas pour tout le monde: il  y en a un qui faisait le malin dans le groupe, avec ses trois roues bien stables, pour une fois…)

Bref,  pour résumer, c'est pas ce jour là qu'on a frotté nos cale-pieds, mais ça nous a permis de ne pas frotter les carénages…

Des panneaux comme celui là, ça casse le rythme!
Après notre petite pause touristique, nous nous sommes mis en quête d'un restaurant (c'est curieux, chez les motards, ce besoin de manger tout le temps…). Je remercie, à ce titre, la jeune fille de l'office du tourisme de Bénévent pour m'avoir conseillé un restaurant qui, d'accord, pouvait accueillir les 11 motards que nous étions, mais qui, avec un menu à 46€ nous a paru un peu dispendieux. Ai-je une tête à rouler en Harley ou en Béhème pour que l'on me conseille de tels restos ???

Finalement, nous nous sommes trouvés un restaurant à Guéret, le "Pub Rochefort", dans une petite rue non loin de la place du marché. Ce restaurant ne payait pas de mine de l'extérieur (l'affiche "bar karaoké" sur la façade m'avait fait un peu peur), mais le repas est excellent pour 14€ seulement (entrée, plat, dessert: les Parisiens comprendront). Je le recommande chaudement.

Notre roadbook de l'après midi nous conduira à Moutier d'Ahun où nous avons croisé quelques belle voitures d'un rallye touristique, puis au hameau de Masgot pour voir y les sculptures de François Michaud (l'est connu, le gars ?) avant de reprendre le chemin du camping.

Une marmotte comme ça (vue à Masgot), ça ne vous donne pas envie de chocolat?

Ce soir là, la fin du repas est plus triste que d'habitude car le lendemain, ce sera le retour vers nos domiciles respectifs….

Dernières nuit, derniers ronflements…

Dimanche: j'arnaque la poste!

Mon roadbook du dimanche m'emmènera dans une bourgade que j'avais repérée lors d'un déplacement professionnel et dont j'avais envie de photographier le panneau d'entrée d'agglomération. Ca me démangeait depuis un moment, je l'avoue mais je n'avais jamais osé demander à mes collègues de faire un détour par là...


Voilà, maintenant c'est fait:

Mon étape obligatoire pour le chemin du retour.

Ensuite, l'autoroute, les bouchons, Paris… le grand classique du retour.


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